sábado, 12 de diciembre de 2015



Resumé des Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence
L’édition conjointe de ces tex­tes ne doit pas sur­pren­dre, puis­que Montesquieu avait d’abord fait impri­mer lesRéflexions à la suite des Considérations, à Amsterdam et sans nom d’auteur, avant de sup­pri­mer l’édition, dès 1734, « de peur qu’on n’inter­pré­tât mal quel­ques endroits ». L’intro­duc­tion aux Romains com­prend sept par­ties, rédi­gées par P. Andrivet, C. Volpilhac-Auger et F. Weil : nais­sance, prin­ci­pes de l’inter­pré­ta­tion, réflexion sur la méthode his­to­ri­que de Montesquieu, publi­ca­tion, accueil, manus­crits et éditions, enfin prin­ci­pes de l’édition. Dès la pre­mière sec­tion, tous les éléments per­ti­nents sont mis à la dis­po­si­tion du cher­cheur : pers­pec­tive géné­ti­que, incluant de façon iné­dite un pro­jet de Préface (fina­le­ment aban­donné par Montesquieu), lec­tu­res et docu­men­ta­tion, cor­rec­tions liées à la crainte de la cen­sure (sur les judi­cieux conseils du Père Castel) puis à la cen­sure elle-même (en vue d’une publi­ca­tion avec pri­vi­lège) et nou­vel­les éditions. L’ori­gi­na­lité du pro­jet de Montesquieu est ainsi mis en lumière, tant du point de vue de l’évolution interne de l’œuvre que du point de vue de son rap­port aux écrits contem­po­rains sur l’his­to­rie de Rome. Sans doute y a-t-il ici l’un des apports essen­tiels de cette nou­velle édition : en se don­nant pour texte de base l’édition prin­ceps de 1734 (et non, confor­mé­ment à la tra­di­tion, l’édition revue et aug­men­tée de 1748), les éditeurs ont sou­haité res­ti­tuer au texte toute sa viva­cité et toute sa fraî­cheur. Ce choix per­met de réflé­chir au moment inau­gu­ral d’une rup­ture, celle de Montesquieu avec une tra­di­tion his­to­rio­gra­phi­que datant de plu­sieurs siè­cles et se bor­nant sou­vent à mani­fes­ter une admi­ra­tion sans réser­ves à l’égard des Romains. L’essen­tiel est dit : Montesquieu n’écrit pas tant une his­toire de Rome que des Considérations sur l’his­toire dont l’enjeu est d’abord polé­mi­que à l’égard des his­to­riens de Rome (ses contem­po­rains). Considérations sur l’his­toire qui dénon­cent au lieu de glo­ri­fier : l’échec des Romains vient de leur réus­site même et elle mar­que l’ina­nité, à long terme, d’une poli­ti­que conqué­rante. La dou­ble démar­che de l’anno­ta­tion est à cet égard remar­qua­ble. Elle vise à retrou­ver les connais­san­ces qu’avaient les lec­teurs aux­quels s’adresse Montesquieu ; aussi fal­lait-il retrou­ver les sour­ces anti­ques de Montesquieu, mais aussi les ouvra­ges contem­po­rains avec les­quels il dia­lo­gue cons­tam­ment.

L’édition des Réflexions sur la monar­chie uni­ver­selle en Europe, opus­cule d’une dizaine de pages, est faite quant à elle d’après l’uni­que imprimé dont nous dis­po­sions (seul exem­plaire que Montesquieu ne fit pas détruire et dont il se ser­vit pour son pro­pre tra­vail, puis­que de nom­breux pas­sage en furent « mis dans les Lois »). Elle pré­sente les mêmes carac­té­ris­ti­ques que l’édition des Romains (les seu­les varian­tes envi­sa­gées étant appor­tées par le manus­crit Bodmer ainsi que par les anno­ta­tions et cor­rec­tions auto­gra­phes sur l’exem­plaire imprimé). Éditer la Monarchie uni­ver­selle revient dès lors à ten­ter de res­ti­tuer le contexte intel­lec­tuel et cultu­rel qui pré­sida à son élaboration, en cer­nant le sens qu’il convient d’accor­der à l’expres­sion de « monar­chie uni­ver­selle ». La tri­ple ambi­tion de l’anno­ta­tion est conforme à cet objec­tif : elle entend non seu­le­ment, outre le relevé des réfé­ren­ces inter­nes, réper­to­rier tou­tes les allu­sions à des situa­tions his­to­ri­ques concrè­tes et inven­to­rier les lec­tu­res pos­si­bles de Montesquieu, mais aussi iden­ti­fier les sui­tes que purent avoir les remar­ques et maxi­mes de Montesquieu au XVIIIe siè­cle. A la conquête mili­taire, Montesquieu n’oppose pas l’équilibre mais le com­merce, forme nou­velle de la puis­sance. « Appendice » des Romains, la Monarchie uni­ver­selle déli­vre ainsi une leçon claire aux poli­ti­ques contem­po­rains : le type d’hégé­mo­nie jadis atteinte par l’empire romain n’est plus, dans l’Europe moderne, ni pos­si­ble, ni sou­hai­ta­ble.

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